Un ciel parsemé d'étoiles éclaire Londres de sa douce lueur, paysage magistral auquel Helios ne prête pas attention. Face aux désirs égoïstes des siens, la science demeure son échappatoire. Le sorcier préfère rester aveugle devant leurs nouvelles alliances. Enfermé dans son labotatoire, les jours s’égrènent comme des minutes, lui retirant toute notion du temps. Les cheveux ébouriffés et le visage creux, il lui est difficile de saisir les couleurs subtiles de l’astre. Le guérisseur en chef du département des pathologies sorcières trouve à peine le temps de s’enquérir de ses frères et soeurs. Avec l'annonce des fillançailles de Phaedre, il s’est tourné vers le seul élément stable de sa vie : la médecine magique, les chiffres et les remèdes. Absorbé par ses recherches, il évite toute distraction avec adresse. Ou du moins il essaye, car ses prémonitions se multiplient et lui éclaboussent l'esprit.

Son arrière grand-mère a elle-même fait l’objet de nombreuses visions au cours de sa jeunesse. Un don envahissant qu’elle transmit à son descendant. Annonçant les prophéties les plus épharantes du siècle dernier, elle a perdu la raison peu après son vingt-troisième anniversaire. Une démence qui guette Helios comme un cerbère enragé, tant et si bien qu'il lui arrive d'oublier s'il vit encore dans le moment présent. Elles durent trois à quatre minutes, au cours desquelles le voyant entre dans un état de transe. Eveillé ou paisiblement endormi, son rythme cardiaque accélère tandis que ses ses iris affolées prennent la couleur du nacre. Ses muscles sont pris de spasmes quand, accablé par une scène future, son âme s’unit avec la voute celeste du temps. Simple spectateur, il n’a aucun droit sur l’avenir, et il se vide de ses présages sans retour, écrasé sous la fatigue tant émotionnelle que physique.

Ses premiers présages sont apparus autour de ses onze ans, une époque chaotique pour un garçon sans histoires. D’une grande maturité pour son age, Helios a très tôt fait preuve d’une époustouflante lucidité. S’il a cru un jour pouvoir l'éviter, il constate que le destin est incontournable. Pris de rêves étranges, il a maintes fois prédit de petits accidents à son réveil. Des évènements catastrophiques, qui ont troublé sa mère. Alcmène ignore toujours comment apaiser les sueurs nocturnes de son fils, impuissante face à ses démons silencieux.

Aujourd’hui encore, la malédiction d'Andromeda Yaxley suit son cours. Les prophéties ébranlent Helios sans crier gare, et la promesse d’un monde flou le ronge. Son clan le noie aussi sous de constantes sollicitations. S’il fait de son mieux pour rester discret quant à ses prédispositions, les expectatives des uns et des autres le consument à petit feu. Les Yaxley veulent se savoir tantôt courronnés de fleurs, tantôt prévenus des plus grands malheurs, mais Helios ne peut rien promettre. Car la force cosmique qui le domine est bien plus grande et plus têtue qu’on ne l’imagine. C'est le pantin du futur. Hanté par le troisième oeil, il tente de se protéger du monde qu'il voit, toujours cru et sans appel. La particularité est capricieuse, et sa maitrise semée d’embuches, si ce n’est inexistante. Il n’a que rarement provoqué une vision, tout comme il ne peut prédire la date à laquelle son présage se deroulera. Il s’agissait au départ d’intuitions, à présent la voyance a grandi en lui et l’accapare de visions. Omniscientes, indomptées et insolentes, elles font partie intégrante de lui-même. Imposée avec le temps s’étiole, la divination reste un art qu’il redoute. Il se demande parfois si toutes les révélations sont bonnes à entendre, aussi lui seul en porte le poids.

Automne 2010
Peut-être était-elle devenu parano, mais ce qu’elle savait c’est que si on découvrait son amour pour les choses du monde moldu sa chute serait considérable et elle arriverait à elle seule à tenir le nom des Rosier. Avant de se faire rayer de l’arbre généalogique bien entendu. La bonne nouvelle si cela arrivait, c’est qu’elle serait libre d’épouser qui elle veut et pas ce scroutt à pétard de Black. La mauvaise nouvelle, c’est qu’elle n’aurait plus de famille, d’héritage et de projets futurs, sera sans doute relégué au fin fond des sous-sols du ministère si elle décide de rester dans le monde des sorciers et sera sans emploi si elle se décide de vivre chez les moldus. Sans compter que personne ne voudra d'elle comme épouse, à part peut-être les nés-moldus. Donc, peut-être que l’occlumencie n’était pas une si mauvaise idée. Elle devrait aussi raccrocher des livres moldus pendant un temps mais la bibliothèque de Poudlard était assez large pour pourvoir à ses besoins en lecture (du moins ce qui restait de la bibliothèque qu’elle n’avait pas encore lu) et si ce n’était pas suffisant elle ferait un tour du côté de la réserve à la nuit tombée.
Maintenant ce qui lui restait à faire était de trouver un bon ouvrage et guide pour apprendre à protéger ses pensées. Elle avait longtemps hésité à le faire mais depuis l’épisode de la pensine avec Luke puis leur serment inviolable elle savait que si une personne était dans la confiance sans que sa vie ne soit mise en danger elle coulerait et perdrait tout ce qu’elle avait. Apprendre l’occlumencie était risqué, elle pourrait perdre une partie de sa mémoire mais c’était profitable au fait de perdre cette image de fille sang-pur parfaite. Elle était adulée par ses camarades autant qu’elle était haït par les ennemies de sa famille, des ennemies qui feraient tout pour détruire les Rosier. Alors elle devait tout faire pour protéger sa famille, même recourir à une ancienne méthode controverser pour protéger ses secrets. Et oui, peut-être le faisait-elle aussi pour elle plus qu’elle ne le faisait pour les Rosiers, mais comment était-elle sensée les protéger avec un secret si gros à la porté de toute personne qui avait apprit un tant soit peut de legilimencie. Son secret pourrait tout faire imploser de l’intérieure et c’était bien la dernière chose qu’elle souhaitait.

L’arrivée de l’autre jeune femme dans sa chambre semblait passer inaperçue ; la princesse était plongée dans son armoire, vêtue seulement de ses bas et de son corset. Pas pudique devant le regard de la blonde, d’un mouvement de son poignet, elle faisait défiler les cintres sous son observation inquisitrice. Amarantha était pourtant bien consciente de la présence de Morrigan. Son regard était électrique, elle pouvait en sentir l’étincelle effleurer sa nuque ; elle devinait sa grimace exaspérée, qui ne tarderait pas à s’envoler au profit d’une remarque piquante. Est-ce que Mara n’avait donc aucune honte ? Surtout à la déranger ainsi, enfant capricieuse, lors de son seul jour de repos ? La réponse était non ; elle devait s’estimer heureuse d’avoir eu droit à ce congé. La benjamine Black aurait pu la faire travailler jusqu’à ce que sa peau ne prenne une teinte translucide et que la fatigue ne l’importe pour un long, très long sommeil. Elle aurait pu se permettre tout —c’était l’avantage d’avoir toutes les cartes en main. Elle le savait. Morrigan le savait, aussi ; elle était coincée dans cette position de faiblesse, mais se permettait toutefois bien plus qu’il ne lui était autorisé, l’impertinente. Il était temps de la rappeler à l’ordre. Seulement pas aujourd’hui. Today, she didn’t want to be late. L’idée de son rendez-vous lui apporta un sourire mutin sur ses lippes, ce qui illumina son visage. « Ce n’est pas la peine de me faire la morale, Morrigan. Je crois que tu oublies ta place. — Prends la violette. Elle m'ira mieux. » L’azur se tourna vers la silhouette se tenant dans l’encadrement de la porte, jaugeant celle-ci de la tête aux pieds, comme si elle n’en connaissait pas chaque détail, chaque parcelle. Elle haussa les épaules. « Très bien. » D’un mouvement gracile de sa baguette, la robe en question lévita jusqu’à sa commode, où elle s’apposa délicatement, attendant d’être enfilée. Satisfaite, Mara se tourna vers la servante – l’amie qui n’avait jamais pu être. Elle traversa la pièce jusqu’à l’endroit où cette dernière s’était calée contre un mur, complètement détendue. (idiote) Déjà, ses traits de poupée commençaient à changer. Grossièrement, d’abord. Son nez s’allongea légèrement, aquilin, et ses lèvres grossirent, n’ayant aucune vraie place sur son vrai visage. Puis sa peau, sa taille, la longueur de ses cheveux. Leur couleur passant de leur jais habituel à un blond vénitien et inexact – la teinte se corrigea alors que la sorcière attrapa le minois de son double imparfait entre ses doigts. D’une délicatesse hostile, Amarantha tourna ce dernier vers la gauche, puis la droite ; plongea ses prunelles dans celles, sombres – la même nuance qu’avait accentuée ses iris pendant les six premières années de son existence, constata-t-elle amèrement, comme à son habitude, avant de chasser cette pensée qui n’avait pas lieu d’être – et expressives, de l’ancienne serdaigle. Morrigan n’avait pas l’air gênée d’être étudiée ainsi, même faire face à son propre reflet sorti tout droit d’un miroir ne semblait la déranger ; elle s’était probablement habituée à ce spectacle. De voir Mara glisser dans sa peau. De voir Mara disparaître. Ne laissant que deux Morrigan, deux ombres similaires. Banales, parfaites pour passer inaperçues qu’avait jugé la princesse, la première fois, ignorant les pommettes seyantes et impérieuses, les cheveux cendrés, incandescents à la lumière. « Les yeux ne sont pas les mêmes. » Elle avait raison, Amarantha n’avait pas besoin de le vérifier pour deviner qu’elle n’avait pas réussi à les copier ; ces derniers ayant toujours été sa plus grande faiblesse. Trop insondables, animés d’une intempérie difficile à régenter, à estomper. L’aspect n’était pas pareil, qu’importe leur coloris. Insatisfaite de ne pas pouvoir arriver du premier coup, ni du deuxième, ses orbes chancelèrent à nouveau entre le céruléen chatoyant et le charbon ténébreux. Encore et encore. Les lippes soudainement retroussées et les doigts tremblants, elle pouvait sentir les défauts, les craquelures dans sa façade. Renforçant son emprise sur l’épiderme de la sorcière, blanc sous son toucher, la jeune fille ne réagit pas à la convulsion douloureuse qui s’extériorisa sur les faciès de sa collaboratrice. L’obscurité tourbillonnait en elle, des filets de frustration venant embrumer sa conscience, sa vision du monde extérieur. Au début de ses entraînements, des années auparavant, la môme aurait déjà flanché, se serait fracassée sous la rudesse de l’épreuve, sous l’épuisement à moitié provoqué par l’état de sa santé. Mais elle n’était pas cette Mara là. Elle n’avait plus six ans, ni huit, ni même quatorze. Elle n’était pas une poupée, faite de verre, érigée de porcelaine. Elle était bien plus forte, bien plus maîtresse d’elle-même. Le contrôle. Les chiffres, un, deux, trois, quatre. Souffle, imagine toi des murs, tu es vide, tout est blanc, vide, pur, tu es creuse. Creuse, creuse, creuse. Muraille, souviens-toi de ce que Damen t’a appris. Souviens-toi de la douleur. Apaise la tempête, tu es Amarantha, mais avant ça, tu es Morrigan. Morrigan, tu sais qui est Morrigan, souviens-toi de Morrigan. Regarde-la, calme-toi, calme-toi, calme-toi. Transforme-toi, Mara. Efface-toi. Et les émotions se plièrent, une par une, l’empêchant de s’effondrer. Son âme se recroquevilla dans un coin, derrière ses défenses, derrière ses attaques. Et elle s’éclipsa, complètement. Gone, she was gone. Physiquement. Elle était toujours là, elle. Amarantha. Un souffle, de sa main – celle de Morrigan – elle remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille, délaissant la sang mêlée, qui se frottait les endroits affligés inconsciemment par l’héritière Black. « Tu peux partir, je n’ai plus besoin de toi pour ce soir. — T’es vraiment affreuse… » Elle ne lui laissa pas le temps de continuer, de lui donner des instructions ou de la réprimander pour ce qu’elle allait faire et qui allait voir. La porte de la salle de bain se referma derrière son dos en un bruit sourd.

Sa chevelure blonde remontée en queue de cheval sur le dessus de sa tête fouettait l'air à chacun de ses pas déterminés. Fiona Flint, ses yeux à la fois bleus et verts avaient le don de percés l'âme de quiconque les croisaient. Elle remontait le couloir du ministère de la magie en direction de son bureau, du moins, ce qui lui servait de bureau. Fiona travaillait comme stagiaire auprès de son père, elle n'avait aucune honte d'avoir obtenu son poste de stagiaire par l'entremise de papa, ça servait à quoi des contacts autrement ? Il est vrai que, pour l'instant, elle occupait un simple poste d'assistante à l'acceuil, mais son père savait que c'était là qu'elle serait la meilleure. Pour une raison qui échappait encore au père Flint, sa cadette avait la capacité incroyable de connaître tout, sur pratiquement tout le monde. Rare était ceux qui échappait à son flair de félin.  Le surnom qu'elle occupait dans son département était '' Les oreilles-à-rallonges'' comme une imbécilité vendue dans un magasin de farce et attrape. Si seulement ils savaient la vérité concernant Fiona Flint, ils seraient tous bluffés.

Fiona ouvrit la porte avec sa baguette magique, elle adorait frimée en exhibant le bois de séquoia dans lequelle avait été fabriqué sa baguette. Dès qu'elle entra, un flux de pensées la sudmergea, en face de son bureau se trouvait trois sorciers, dont une femme. « Je vous enregistres dans un instant. » Fiona n'accorda pas un regard aux sorciers qui patientaient. Contrairement à ce que bien des sorciers auraient fait, elle ouvrit un ordinateur. Elle aimait inscrire dans des dossiers qu'elle ne pourrait jamais perdent, et puis, c'était plus facile d'écrire ce qu'elle entendait... « Bon, monsieur... Grimes ? » Fiona leva les yeux, plongea son regard dans l'homme qui s'avançait vers elle. Flint lui décrocha un beau sourire pour sympathisé avec lui, c'était toujours plus facile établir un sentiment de confiance pour déniché des informations. « Donc, raison de votre visite ? » L'homme glissa une main dans son cou. « J'ai reçu une missive aujourd'hui, la Norvège menace de mettre un terme à son contrat... » Fiona écrivit les mots qui sortaient de la bouche de monsieur Grimes, ancien Poufsouffle, né-moldu. Elle écrivit, toutefois, les mots qui sortaient de ses pensées. Ainsi donc, le Ministre de la Magie Norvégienne aurait été floué par cet homme, et monsieur Grimes espéraient qu'Atlas Flint arriverait à régler la situation ? Fiona, grace à son don de légiment, arrivait à revoir la scène qui jouait en boucle dans l'esprit de cet homme. Il avait menti, volontairement...

La journée de Fiona s'écoula ainsi. Elle rencontrait des individus venant réclamés l'aide de son père, comme s'il était Merlin en personne, son job était de filtré les idioties des demandes urgentes. Atlas étant un homme occupé, il n'avait rien à faire d'une missive jamais reçue, il devait plutôt s'occupé des cas comme monsieur Grimes, qui fiche la merde un peu partout et qui ne réalise pas l'empleur des dégâts. Fiona aimait son poste, cela lui permettait de connaître plusieurs secrets, personnelles comme professionnelles. Lorsqu'elle croisait des dirigeants, elle pouvait voir si quelqu'un serait renvoyer ou promu. C'était quelque chose qui lui plaisait, de savoir avant tout le monde. Il venait de là, son charmant petit sourire coquin. Ce n'était pas sa marque de commerce, c'est qu'elle ne pouvait s'empêcher de sourire. C'était toujours utile, sur le long terme de savoir que l'on pouvait manipuler tous ceux que l'on à envie de manipuler...

Peluche lovée entre les bras de la mère, canaille ayant trouvé sa place. Se glissent les doigts de la maternelle, effleurent la fourrure, remuent le pelage déjà plusieurs fois malmené. Chaton ronronnant son plaisir. S’étire le squelette, viennent se poser deux pattes sur les cuisses faméliques d’une femme au seuil de la vie. La boule de poils ne lâche pas le réconfort, s’éternise aux caresses heureuses. Sonne la fin, sonne un invité. Bestiole aussitôt chassée, renvoyée à ses égouts. Quelques paroles en guise d’excuses, des demandes pour qu’il fuit plus loin, ne revienne pas demain. Compagnon des journées mornes. Félin amusé se glissant par la fenêtre, rejoignant la gouttière, puis le toit. Tout un travail d’acrobate. Se dandine l’animal sur la demeure des Bulstrode. Manoir londonien, possession du désespoir financier. Il grimpe de tuile en tuile, séjourne près d’une fenêtre, fourre son museau dans le creux d’un tuyau de cheminée. La bouille est noire, tachée de suie. Éternue la bestiole qui n’a plus l’habitude de se faire surprendre de cette façon. La balade continue sur les toits de Londres. Promenade devenant course poursuite lorsque s’agitent des corbeaux au dessus de sa tête. Griffes d’acier qu’il sort, et se moquent les volatiles d’une si petite créature. L’angora revient à la terre, pose ses coussinets sur le sol crasse de la capitale. Des pavés salis de bottes boueuses, des crachats, des déchets, du sang, de la merde. Mauvais quartier. Celui des pouilleux, des raclures de la société. Félin parmi les hargneux, les canidés. Il traine sa carcasse entre les hommes, se faufile petit malicieux jusqu’à la chaussure du plus balafré. Ça lève les yeux d’un Chat Potté, ça couine légèrement pour appâter la bête. Perdu pour ce soir. Coup de godasse dans la gueule, virevolte le chat, se cogne le crâne contre la brique devenue rouge. L’escapade nocturne touche à sa fin. Il s’en retourne à la maison, revient entre les murs décrépis d’un empire en décomposition.

Lendemain matin. Un garçon dort sur un lit trop grand pour lui. Le corps en travers, un bras dans le vide. Des bleus tâchent sa carne, des morsures, des coups de griffes, c’est tout un étalage de plaies que discerne la domestique entrant dans la chambre. Surprise de la petite vierge qui ne pensait pas voir l’ainé à poil. S’agite le corps malmené de la nuit, s’étendent les muscles, craquent les os. Symphonie macabre. L’homme au physique de gamin se lève, ignore la jeune pucelle. Ça tangue légèrement aux premiers pas. Fenêtre vers laquelle il se dirige, ferme et enterre les méfaits nocturnes. « Monsieur je… votre… » Les paroles s’emmêlent sur la langue de l’esclave. Ses mains se portent à sa bouche. L’impensable est sur son maitre. D’une queue de chat qu’il arbore fièrement, ne semble pas s’en soucier. Elle ne sait pas comment lui annoncer. Peut-être un mauvais sort ? Une blague de ses sœurs ? « Votre… vous avez une queue » Se tourne Guernica vers la petite, s’étire un sourire sur le visage, grand, immense expression dévorant les traits, s’allongeant de seconde en seconde. Le chat de cheshire éclate d’un rire franc. « Mary… Mary… ton innocence me plaira toujours. Ne dis à personne ce que tu as vu, tu sais c’que je fais des filles qui parlent trop ? Tu le sais ? »

Un bruit strident la sort de son réveil. Elle prend du temps à se souvenir où est-ce qu’elle se trouve. Le manoir Rosier, la chambre des domestiques. Hier elle a encore veillé tard. Elle ne se souvient que des bouteilles d’Hydromel et de plumes noires. Elle a bu. Encore. Qui était sa proie cette fois-ci ? Hm, un sorcier maladroit et sans nom, victime de posséder des yeux. Elle se souvient alors des paroles de Madame. « Take good care of him. » Prend bien soin de lui. Alors les impurs ont bu. Ils ont flirté. Jusqu’à ce que des ailes noires apparaissent dans la nuit, tombant au sol tout comme une vérité ignorée. Elle force ses souvenirs et elle réalise que ce pauvre homme n’en a plus aucun. Elle grimace à la pensée et se prépare à réveiller le manoir enchanté.

Juri tire les voiles du sommeil, illuminant chaque pièce de rayons foudroyants. De coups de baguette, un déjeuner luxuriant s’installa sur la grande table. Elle pose discrètement ses yeux sur la grande pendule et soupire. Quelle pauvre servante fait-elle, tout le monde est déjà réveillé mais personne encore n’a osé arriver. Ils sont tous en train de s’habiller, vérifier leur calendrier et mettre à plat leur pensée. Tour à tour, elle visite les dames pour les accompagner dans leurs préparations. Enfin, ces dames daignent rejoindre la salle à manger pour remplir leur estomac d’un déjeuner équilibré.

Durant ce moment d’inattention, l’immigrée en profite pour rejoindre les escaliers. Elle pénètre sans autorisation dans la chambre du jeune Rosier, sachant très bien qu’il est réveillé et habillé. « Ohayō gozaimasu. » dit-elle en s’inclinant en avant de manière respectueuse. Practice your english, hurle dans sa tête ; ce conseil acerbe et aiguisé que sa mère lui donnait tous les matins sonne toujours tel un réveil obstiné. « Good morning, young King. » Jules tourne sa tête et lui lance un regard épuisé. « Je ne suis pas encore Roi, Juri. » lui répond-t-il dans cette même langue maudite. Il la coupe dans son élan en toute humilité. Elle reste alors silencieuse en attendant ses tâches de la journée. « Où étais-tu hier soir? J’avais besoin de toi. » est la seule chose qu’il demande. Aussitôt, elle s’exécute à façonner sa réponse. « Votre mère m’a demandé de me charger d’un impur qui l’aurait vu faire des transactions... douteuses. » Les yeux du Rosier s’écarquillent. « Est-il...mort ? » « Non. » Sa voix est aussi calme et son visage froid qu’un frigo. « Mais ses souvenirs oui. Auriez-vous préférer que je mette fin à sa vie ? » Il secoue sa tête. « Non, non. Bien sûr que non. » Le jeune roi prend une grande inspiration et aussitôt se met à chercher une enveloppe dans un tiroir. « Cette lettre devait être sur le bureau du Ministre de la Magie ce matin. Il aurait été plus aisé pour toi de la poser hier sans qu’on ne te reconnaisse mais les conséquences font que...je vais avoir besoin de tes capacités. » Elle cligne des yeux un moment, reconnectant les cellules de son cerveau. A cette heure-ci, le Ministère a déjà ouvert. L’ouverture des cheminées et des entrées secrètes ont été activées. Même si elle parvient à pénétrer les rues de Londres par transplanage, elle ne sera pas assez rapide pour passer les étages et les couloirs interminables. « Mes excuses, Jules-sama, j’aurais dû être disponible pour vous hier soir. » Mais Jules ne fléchit pas devant ses excuses et reste silencieux, seul un sourire mesquin et suggestif se pose en coin de lèvres. Je te suggère de voler très vite alors, voilà ce que disait son sourire. Elle prit la lettre et disparut à travers la fenêtre, laissant, comme à son habitude, une simple plume noire.

En un battement d’ailes, elle arrive à l’intérieur du Ministère. Personne ne cherchait la raison de la présence d’un corbeau au milieu de l’atrium. Elle qui était devenue un rapace pour protéger sa vie dans l’illégalité, les Rosier profitaient bien de ses capacités. Il n’y avait pas un jour où elle ne se transformait en oiseaux maudit. Disparaître en un sombre tourbillon noir et réapparaître innocemment dans une lumière écarlate étaient son quotidien. La lettre du Ministre était anonymement posée sur son bureau et Juri était revenue au manoir à temps pour débarrasser le déjeuner des dames.

do it again. le regard désapprobateur de l'homme se trouvant en face de toi ne trompe pas. ça fait des heures que vous êtes là, dans cette pièce uniquement éclairée par quelques bougies. il se fait tard, la fatigue vous gagne. tous les deux. le ton sévère que tu emploies ne change pas sa non-action. il ne bouge pas, ne prend même pas la peine de prononcer le moindre mot. seuls les tic-tac de l'immense horloge se trouvant dans la salle perturbent ce long silence. tic. tac. une seconde à la fois, et pourtant tu perds déjà patience. tic. do it again. les cliquetis n'aident pas, commençant à te taper sur le système. il hésite. à parler? agir? surement un peu des deux. tu croises les bras contre ton torse et commences à taper légèrement du pied, alors qu'il laisse écouler quelques secondes supplémentaires. finalement, il se décide enfin à ouvrir la bouche. you haven't made any progress in wee– again. tu ne lui laisses pas le temps de finir. tu sais ce qu'il pense. que c'est inutile, que tu perds ton temps. que tu lui fais perdre son temps. ça fait des mois que tu étudies le sujet, que tu t'entraînes. et pourtant, ça fait déjà plusieurs semaines que tu stagnes. tu n'as pas besoin qu'il te le rappelle. peu importe ce qu'il puisse te dire, tu ne comptes pas abandonner. il a accepté de t'aider – tu ne saurais dire pourquoi – autant assumer jusqu'au bout. tu ne le laisseras pas abandonner. you're so young, and yet your mind is a very dark place. un sourire fier s'affiche aux coins de tes lèvres. tu cesses de tapoter ton pied à terre, relâchant doucement tes nerfs. are you afraid of the dark? it must be hard for you to sleep at night. tes lèvres s'écartent un peu plus, révélant désormais un sourire moqueur. sentiment amplifié par le soupire que lâche l'homme. c'est lui désormais qui semble perdre patience. mais étrangement, tu sens qu'il est sur le point de céder. tu le vois dans son attitude. tu décroises tes bras, adoptant une attitude plus décontractée. tu fermes les yeux, comme tu as pris l'habitude de le faire. ça ne sert pas à grand chose, en soit, mais ça te permet de te concentrer. au moins, tu ne risques pas de perdre ton attention au profit de choses futiles. mais finalement, tu les rouvres seulement quelques secondes après. défiant ton interlocuteur, tu plonges tes yeux dans les siens. ta détermination et apparente confiance inébranlable ne te sont d'aucune aide. tu n'es pas prête. tu n'es pas prête. et ça, il peut le voir. il détourne finalement son attention de tes yeux. enough, tu fronces les sourcils, étonnée par le ton de sa voix. i know you're not going to give up, but i'm done for today. tu t'apprêtes à protester, comme toujours. mais t'ouvres à peine la bouche qu'il lève la main pour t'interrompre. no. go to sleep, you need it.