Amanda s’étira longuement en s’appuyant contre le dossier de sa chaise. Elle étouffa difficilement un bâillement et jeta un œil à l’horloge au-dessus de la porte. Plus qu’une dizaine de minutes et sa journée de travail serait officiellement terminée. La brune repoussa une mèche de cheveux qui gênait sa vue et se remit à annoter le dossier sur lequel elle travaillait. En tant qu'employé de bureau pour le département de la justice magique, sa tâche consistait surtout à préparer les documents avant les procès et à ensuite dresser et archiver les rapports. Elle et ses collègues baignaient dans la paperasse à longueur de journée en somme mais cela ne déplaisait pas à la demoiselle. Elle avait toujours tenu à gravir les échelons par ses propres moyens et à ne pas user de l’influence de sa famille, particulièrement de son père, dans le but d’obtenir un poste plus convoité. Si elle devait un jour atteindre une meilleure position au sein du ministère, cela serait à la sueur de son front et uniquement grâce à cela.

Finalement, l’heure de la libération arriva et les individus partageant son bureau quittèrent la pièce les uns après les autres. L’ancienne Serdaigle se contenta de les saluer d’un signe de tête tout en poursuivant son travail. Quelques minutes après, elle finit d’étudier le dossier auquel elle s’intéressait et entreprit d’enfiler sa veste. Dans son geste, son œil fut attiré par un reflet argenté au niveau de sa main gauche. Comme toujours, Amanda portait sa bague de fiançailles. La jeune femme était promise au même homme depuis l’âge de 15 ans mais leur fête de fiançailles avait seulement eu lieu quelques années auparavant. Les Flint et les Rosier avaient partagé un dîner symbolique afin de sceller l’union de leurs familles. Absorbée par l’observation du bijou, la brune se reprit en secouant la tête. Elle finit d’enfiler le vêtement et quitta la pièce non sans fermer soigneusement la porte. Elle passa par le bureau de sa supérieure hiérarchique pour lui déposer les dossiers qu’elle avait à rendre puis reprit sa route vers la sortie du bâtiment.

Elle ignorait totalement si sa bague était un bijou appartenant à la famille Rosier ou quelque chose de neuf. Au moins, l’objet était plutôt simple et s’accordait bien au style de la fiancée qui n’aurait pas pu porter un diamant énorme à longueur de journée. L’avantage de ce type de bijou était qu’il agissait comme un véritable anti-moustique sur la plupart des hommes. Et le fiancé me demanderez vous? Et bien, les deux jeunes gens n’avaient jamais énormément échangé. Daerios était un homme poli et charmant mais il semblait à peu près aussi ravie de cet engagement qu’Amanda. En effet, la jeune Flint avait été assez déçue lorsqu’elle avait appris l’identité de l’élu. Certes, le fils Rosier était brillant mais hiérarchiquement, en tant que cadet d’une branche mineure, il ne pouvait aucunement prétendre au pouvoir.

La brune atteint le hall du ministère et c’est là qu’elle croisa le fameux Daerios. Son fiancé semblait l’attendre et cela était plutôt louche. Ils n’avaient que peu de contact et il était encore moins souvent venu l’attendre lorsqu’elle sortait du travail. Sur ses gardes comme à son habitude, la jeune femme se dirigea tranquillement vers lui.

“- Bonjour, qu’est-ce qui me vaut cet honneur?”

Elle accompagna sa question d’un sourire, plus par habitude que par expression. Le blond était largement plus grand qu’elle, c’est pourquoi leurs regards se croisaient très rarement. S’arrêtant près de lui, elle remit la lanière de son sac en place sur son épaule en attendant qu’il réplique.

Bordel que cette horloge ne s'arrêtait donc jamais? Enfin, elle ne devait pas s'arrêter parce que je n'allais réellement pas apprécier. Je regardais l'aiguille tourner, comme s'il s'agissait du dernier niveau des enfers, avec une horreur absolue. Là, au ministère, à une heure qui ferait pâlir un gentilhomme. Cette idée de me faire venir à cette heure. Comme si j'avais besoin de venir pour venir clamer haut et fort que j'avais encore une fois remporté. Ce n'était pas écrit dans les journaux? Pfeuh. Des conneries oui. La main posée sur la cuisse, je me retenais de pianoter sur celle-ci, signe d'impolitesse, mais ça m'occuperait. À la place, je joignis mes mains et commençait à faire des cercles à l'aide de mon pouce dans la paume droite. Une façon comme une autre de passer le temps bien entendu. Je fermais les yeux un bref instant, le temps de reprendre une inspiration et voilà que j'entendais mon nom. Je me levai prestement, avec la lenteur requise pour que ce soit fait avec grâce et allait remplir le foutu formulaire clamant ma victoire pour percevoir le prix qui venait avec avec cette première place. Comme si je n'avais pas l'habitude. Ça m'arrivait tellement souvent que je ne pouvais pas simplement pas m'abstenir de venir? Quelle perte de temps? Jetant un oeil à l'horloge, je soupirai en voyant l'heure. Ça me faisait penser que ma très chère fiancée devait finir bientôt. Pensant cela, je pinçais légèrement les lèvres et terminai de remplir le formulaire, faisant gratter la plume sur le parchemin. Moi et ma fiancée. Amanda. Comment dire... Il s'agissait d'une relation complexe. Fiancé par intérêt, je n'étais pas complètement con, je savais que c'était plus avantageux pour moi que pour elle, même si je ne ressentais rien pour elle. Et là, vu que je pensais à ça, je me disais que je devrais au moins parler de cette cérémonie, parce que je me souvienne, nous avions simplement fêté les fiançailles lors d'un dîner.

Je posai délicatement la plume et repoussai le tout. Enfonçant mes mains dans mes poches pendant un bref moment pour toucher délicatement ma baguette, je sortis lentement et me dirigeai vers le département de la justice magique, bien décidé à lui parler. Je devais faire un effort pour au moins les apparences. Alors, autant bien se forcer et l'attendre à la sortie de son boulot, vu que le mien était terminé. Pour ensuite? J'en avais aucune idée de ce qui allait se passer ensuite, mais je réfléchirais bien à ce moment-là. Je m'appuyai donc négligemment sur le mur et l'attendit sagement, lisant la Gazette pour patienter. Mes yeux couraient sur les mots sans vraiment que j'y porte attention, étant très peu attentif à ce qui se passait autour de moi. L'adrénaline de ma compétition était encore dans mes veines et je sentais mon coeur battre un peu plus vite qu'il ne le devrait, mais je tentai de me calmer. J'étais quand même fier, mais une fois fait, c'était fait. Encore une fois, je trouvai que le temps s'écoulait trop lentement, comme toujours.

Je glissais donc la main à l'intérieur de ma robe et en sortit ma montre de gousset pour jeter un coup d'oeil à l'heure. Encore quelques minutes... Sérieusement, je me demandais ce qui m'avait pris là, maintenant. Pas le temps d'aller me chercher un café, certes. Je restais donc là, à mon poste voyant tranquillement des gens partir. Je saluai discrètement d'un signe de têtes certaines personnes, étant des amis de la famille ou simplement des personnes que je pouvais connaître personnellement. Rangeant le journal dans mes poches, je croisais les bras et fixai la sortie des bureaux d'un air résolu jusqu'à ce qu'elle arrive. Je me redressai du mur et attendit qu'elle s'avance vers moi. Elle ne s'attendait sûrement pas à me voir ce soir, sans même aucun préavis. Je la détaillai rapidement du regard, il s'agissait quand bien même de cette femme que j'allais épouser. Je lui offris un sourire calme, posé, tranquille. Le sourire habituel de Daerios Rosier.

« Je dirais plus bonsoir que bonjour. Ce n'est qu'un petit détail, en effet. Concernant l'honneur, cela devrait être toujours un honneur d'être en ma présence et sache que mon égo apprécie réellement, je ne pensais pas qu'Amanda Flint était de ce genre.»   Mon regard s'arrêta sur la bague qu'elle portait. Au moins, elle n'avait pas honte de moi à ce point. Souriant toujours, je tendis la main pour son sac « Si tu permets. J'étais dans le coin, alors je me disais que ça ne pourrais pas réellement faire de mal si toi et moi, nous avions une discussion pour cette cérémonie. Bien que nos parents vont s'occuper des frais, j'imagine que ce serait plus que bien s'il s'agissait de quelque chose qui serait à ton goût n'est-ce pas?»   Je n'avais aucun intérêt à vouloir lui prendre la tête, bien qu'elle pourrait me chercher si elle le voulait. J'avais complètement oublié de repasser me coiffer et bien entendu, j'offrais un sourire certes calme, mais à nature également narcissique. Des choses qui arrivent.

En s’approchant, la demoiselle nota l’allure légèrement ébouriffée de son fiancé. De plus près, il avait également ce regard vif et brillant, propre aux hommes ressortant tout juste d’un combat. Bien sûr, elle n’ignorait pas que le blond était un duelliste accompli. Pourtant, elle n’en ressentait aucune fierté particulière, elle aurait probablement dû, elle allait épouser une des figures majeures de leur époque en ce qui concernait les duels. Amanda avait assisté à quelques uns de ces combats, et cela aurait été malhonnête de sa part de ne pas admettre qu’il était brillant. Elle ne lui dirait certainement jamais, cela lui aurait fait bien trop plaisir.

"- Je dirais plus bonsoir que bonjour. Ce n'est qu'un petit détail, en effet."

La brune retint un claquement de la langue mécontent et se contenta de souffler doucement. D’eux deux, c’était elle qui était supposée jouer sur les mots et pas l’inverse. Le souci avec les hommes brillants c’est bien évidemment qu’ils savent pertinemment qu’ils le sont et aiment en tirer profit, en ayant raison par exemple. Enfin, effectivement ce n’était qu’un détail, il n’y avait pas lieu de disserter à ce sujet.

"- Concernant l'honneur, cela devrait être toujours un honneur d'être en ma présence et sache que mon égo apprécie réellement, je ne pensais pas qu'Amanda Flint était de ce genre."

Et voilà, un homme comme lui avait forcément un vice caché, quelque chose d’affreux pour compenser son talent: personne n’était capable de l’aimer autant qu’il s’aimait lui-même. L’employée avait rarement rencontré une personne aussi imbu d’elle-même et il fallait que ce soit l’homme avec qui elle partagerait sa vie. Même s’il avait toujours été extrêmement correct envers elle, la future Rosier ne parvenait pas à réaliser que Daerios serait le père de ses enfants. C’était assez inconcevable pour elle, et pourtant c’était bien réel. De plus, elle avait été plutôt chanceuse dans le choix de l’élu, mais elle ne le reconnaîtrait certainement jamais. Un fiancé réellement intéressé par elle l’aurait probablement effrayé et elle n’aurait pu supporter un époux volage et malhonnête. Il lui fallait réellement quelqu’un comme lui, aussi indifférent qu’elle mais néanmoins respectueux. Pour ce choix avisé, la Serdaigle devait probablement remercier ses parents, sages et stratèges comme tout Flint qui se respecte.

"- Ne t’y habitues quand même pas trop. Je crois qu’aucune personne sur cette Terre n’est capable de définir le “genre” d’Amanda Flint."

Elle accompagna soigneusement sa phrase d’une moue taquine dont elle seule avait le secret. Amanda avait beau offrir un visage différent à chaque personne qu’elle rencontrait, souvent exactement celui qu’ils désiraient voir, elle avait rapidement compris que ce n’était pas la peine avec son promis. Elle ne voulait pas passer sa vie entière à jouer la comédie, c’est pourquoi elle était honnête avec lui et ne lui cachait pas sa réelle personnalité, aussi ennuyeuse soit elle. Mesquine et pessimiste, telles étaient le genre de caractéristiques que dissimulait ce joli minois.

"- Ton duel s’est bien passé? "

Puisqu’elle s’était aperçue qu’il en revenait, c’était bien la moindre des choses de demander. A cet stade là, la question était quasiment rhétorique. Elle savait pertinemment que l'ancien Serpentard n’avait pas le terme “défaite” dans son vocabulaire. De plus, si quelqu’un avait osé interrompre sa série de victoires, il était peu probable que la demoiselle soit la première personne vers laquelle il se dirigerait. Ils n’étaient même pas proches après tout, loin de là.

Son interlocuteur tandis la main pour la débarrasser de son sac: "Si tu permets". La brune secoua rapidement la tête tout en le remerciant d’un sourire un peu plus chaleureux que les autres: "C’est bon, merci". Elle n’avait pas non plus pris la peine de lui cacher ses élans féministes. Un comble pour une jeune fille élevée dans la plus pure tradition sorcière, mais la brune croyait en l’égalité entre hommes et femmes. Elle était capable de porter son sac aussi bien que lui. Évidemment, elle appréciait l’intention mais elle tenait à prendre soin d’elle-même. Ce genre de situation leur arrivait souvent et ils cédaient à peu près aussi souvent l’un que l’autre, selon l’humeur du jour. Par exemple, elle insistait toujours pour payer ce qu’elle avait consommé même si ce n’était qu’un café. Amanda ignorait totalement s’il prenait cela pour des marques de rejet ou si le blond comprenait que cela faisait parti de ses principes. De toute manière, un jour ou l'autre ils allaient inévitablement partager les mêmes finances.

"- J'étais dans le coin, alors je me disais que ça ne pourrais pas réellement faire de mal si toi et moi, nous avions une discussion pour cette cérémonie. Bien que nos parents vont s'occuper des frais, j'imagine que ce serait plus que bien s'il s'agissait de quelque chose qui serait à ton goût n'est-ce pas?"

L’employée masqua sa surprise. Elle venait d’être frappée de plein fouet par la réalité. Ils étaient fiancés depuis presque dix ans, il était logique qu’à un moment l’idée de mariage apparaisse dans la conversation mais elle avait toujours évité de se projeter à ce moment là. Tant que tout restait hypothétique, elle pouvait encore se blottir dans un nid douillet d’inconscience et d’indifférence mais elle risquait bientôt d’en être arrachée, et cela assez brutalement.

"- D’accord, allons prendre un café. Tes goûts ont aussi leur importance, tu sais."

La future mariée restait pleinement attachée à sa notion d’égalité. Elle se doutait bien qu’il avait peu d’avis sur la question, mais pourquoi préparer la cérémonie serait une tâche purement féminine? Le couple, si l’on peut les appeler ainsi, alla s’acheter une boisson chaude, source de détente pour les employés stressés du ministère. La jeune fille commanda prestement un latte et laissa le soin à l’homme de s’occuper de lui.

Elle s’assit ensuite avant de prendre la parole:

"- Alors, hum, tu as une préférence pour le lieu? "

Les familles les plus aisées choisissaient souvent des destinations exotiques, les autres et les casaniers célébraient généralement les unions dans le manoir de famille de l’époux. Sentant un léger mal aise s’installer, la brune s’était empressée de le laisser gérer la tournure de leur conversation en lui demandant son avis.

Il y avait bien une chose que je ne pouvais pas dire de ma fiancée. Je ne pouvais pas dire qu'elle était laide, au contraire, elle était un beau brin de fille. Certes plus jeune que moi, donc ça voulait dire que les rides viendraient plus tard. Est-ce que j'en venais à me projeter dans le futur? Ça m'arrivait. Bien que des noces forcées n'étaient pas mon fort, en dessous de ma personne résidait un coeur fragile, un coeur qui croyait bien sûr au mariage d'amour et qui croyait au coup de foudre, je n'étais pas plus heureux que ça. Mais, comme je comptais bien tenter de m'élever le plus possible, je devais bien certainement me plier à ce que l'on me demandait. Pour le bien de la famille bien entendu. Donc, oui, parfois, je pensais à autre chose que ma gloire personnelle et autre chose que des trucs bien simple comme le fait que je gagnais tout le temps en duel. Il m'arrivait d'avoir des sentiments, un coeur et bien sûr une tête. Alors, la voyant lentement arriver vers moi, je m'imaginais faire ça, dans pas très longtemps, dans ce manoir qui était ma demeure. La voir dans ma maison tous les jours, dans mon lit que je devrais partager et bien sûr qu'un jour, nous devrions en venir au passage des héritiers. Elle avait déjà l'air sérieux d'une mère, fallait bien lui donner ça. L'ombre d'un sourire voleta sur mes lèvres à cette pensée, comme si moi, je n'étais pas capable d'être sérieux et me concentrai sur elle pour avoir une conversation correcte. Avoir l'esprit ailleurs n'était certainement pas une bonne idée. Alors, je me concentrais sur elle, pas que par politesse, mais bien parce que l'on avait tous un rôle à jouer et que je devais m'acquitter du mien. Il ne s'agissait que de ça, mais pour le moment, il ne s'agirait que de cela qui serait dit ou bien penser. Comme quoi, il fallait attendre toujours le moment propice à tout, effectivement. Je me demandais quand bien même ce qu'elle pouvait penser de moi. Elle qui ne disait rien. Bon d'accord, je devais le dire également, je ne lui disais pas ce que je pouvais penser d'elle, mais je m'attendais à autre chose. De l'extase, du dégoût, pas quelque chose qui s'apparentait à de l'indifférence totale, à quelque chose qui ne pouvait pas être. Qui n'était qu'une façade. Pas de les deux côtés, du moins, c'était ce que je voulais me dire. Peut-être que je pouvais me tromper, mais pour le moment, c'était les seules choses que je pouvais voir.  Je ne peux pas la contrôler, malheureusement pour moi, ça me ferait beaucoup de problème en moins, mais il y a une connerie qui s'appelle le libre-arbitre qui existe.

Particulièrement fier de mon petit jeu de mot, je la regardais en attente d'une réaction qui ne vint pas comme je le pensais. Un découragement et également une bref bouffée de ce que l'on ressent lorsque l'on est blasé, mais je ne laissais rien voir, gardant un air neutre. Mes yeux, il s'agissait là de ce qui pouvait me trahir bien sûr, mais je ne pouvais pas tout cacher. Un fils parfait, mais pas un miroir complet de la réalité. Seulement, je ne pensais pas que ça commencerait notre conversation ainsi, lui jetant un froid, un malaise que je pouvais sentir si ce n'est pas palper. Dure la vie, mais quelque fois, je n'y arrivais pas du tout. Et pourtant, je ne pouvais pas dire que c'était le stress, je l'étais pas du tout, enfin stressé je veux dire. Je me disais que si je pouvais peut-être trouver le moyen de la charmer ensuite pour mieux remonter la conversation, ça ne pourrait qu'être mieux, mais en réalité, ce fut mon égo que je flattais. Bon, ça arrivait n'est-ce pas? Je lui offris un sourire poli attendant qu'elle me réponde. Cette étiquette qui me grugeait parfois, mais je ne faisais rien mis à part la suivre bien sûr parce que je voulais offrir le meilleur pour ma famille, il le fallait. Je haussai lentement un sourcil devant sa réponse et hochai délicatement la tête avant de rire légèrement. « Un jour je pourrais clamer que j'en connaîtrais assez sur toi pour être capable de prédire tes réactions. Manifestement, ce n'est pas aujourd'hui. Ce n'est que partie remise. »   La moue ne m'échappa pas et je lui offris un vrai sourire cette fois, un peu plus grand que le précédent, voulant dire que je pouvais moi aussi jouer sur ce terrain. Elle n'était pas méchante, je n'avais donc rien à craindre. Je crois que pour le moment, nous étions tous les deux sur le même terrain. L'indifférence.  

Surpris qu'elle me questionne sur mon duel, je la fixai pendant un quart de seconde avant d'acquiescer et de me passer une main dans les cheveux pour les replacer. « Plus que bien même. Une victoire de plus pour ma collection.»   Je la regardais un petit moment, me demandant si je devais lui rendre la pareille, pour la simple politesse, même si en réalité, j'en avais rien à faire de ce qu'elle allait bien pouvoir me dire. Son domaine pouvait être d'un tel ennui à mes yeux et je n'arrivais pas à penser que  ça puisse arriver bien sincèrement. Je restais donc là, sans rien faire avant que la politesse ne me secoue de nouveau et que je lui demandais d'une voix neutre. « Et toi, le travail?»   Même si encore une fois, j'étais l'indifférence même alors que je parlais.

Je gardais le silence face à son refus de suivre les conventions et de me tendre son sac. Et j'allais avoir l'air de quoi moi ensuite alors qu'elle le conservait. Je roulai légèrement les yeux, réellement embêté alors que je tentais de garder mon calme et de ne pas prendre ce foutu sac moi-même pour garder les apparences. « Pour cette fois. Il est hors de question que je te laisse faire autrement.»   Énoncé avec un ton qui criait le : Non mais tu crois que j'ai l'air de quoi? Je pensais bien que le message allait se rendre non sans problème. Je trouvais ça réellement lourd qu'elle ne veuille pas suivre les conventions et l'étiquette pour ça, mais ça n'empêchait pas que je devais la respecter. Mais pour sûr, il était hors de question que cela porte atteinte à mon image.  Je haussai les épaules devant l'offre du café, indifférent puisque je n'en étais pas un très grand amateur, mais lui emboîtai le pas et tel un vrai gentleman, lui ouvrit toutes les satanés portes qu'il pouvait y avoir sur le chemin. Qu'elle vienne pas râler après ça sinon j'allais mal le prendre. Je jetai un oeil amusé sur son latte et me commandai un espresso avant de la rejoindre et de prendre place avec élégance. « Alors, pour revenir à tout cela, je dois t'avouer que le mariage n'est pas un passage qui m'importe réellement. Alors mes goûts, comment dire... ils ne sont que de basses préoccupations dans ce monde. Autant bien joindre l'utile à l'agréable pour ta personne. Après tout, ta situation est moins enviable que la mienne. Oh et pour le lieu, j'imagine que mes parents feront pression pour le manoir, il y a un joli jardin.»   Je buvais un gorgée et repoussai la tasse avant de la fixer un petit moment avant de sourire. « J'imagine que l'on va devoir apprendre à plus se connaître, parce que sinon, ça ne marchera pas.»  Je laissai mon regard s'aventurer sur le décor autour, pianotant sur la table du bout des doigts, n'étant pas certain de ce que je devais avancer ensuite. « J'imagine que tu peux m'appeler Dae, vu que l'on  est entre nous.»   Autant bien commencer par là.