C'est juste après qu'il eut fermé la bouche d'avoir répondu à Alix, que sa mère entre dans la pièce sans avoir frappé au préalable. Elle pose le regard sur son fils, puis sur sa fille. « Rejoint les autres, Alix. » La brune ne se fait pas prier plus longtemps, Jules la regarde sortir de la pièce, sans afficher les émotions qu’il aurait affiché si il n’avait pas appris à avoir une telle maitrise de lui-même. Sa mère s’approche, elle lui sourit. La fierté émane de tous ses pores, Jules n’a qu’un demi sourire à lui offrir en retour. « Eleanor est magnifique, sourit plus que ça, Jules. Tu aurais pu tomber sur une princesse qui n’en a que le titre, et pas l’apparence. » Le fils ainé élargit un peu plus son sourire, qui en fait se transforme un rictus peu appréciable, quand elle le prend par le bras. « Ton père compte sur toi. Et les Greengrass sont là, sans compter les Lestrange. Ne leur donne pas de bonne raison de rire de nous. » Jules hoche la tête. « Oui, mère. » Elle lui sourit, et un sourire plus franc prend place sur les lèvres de son fils, qu’elle fait sortir de la pièce. Pendant qu’ils marchent dans les couloirs du manoir, ils discutent. « Il te faudra un héritier rapidement. Consommez le mariage dès ce soir, je sais que tu ne désires pas voir ton frère hériter. Tu n’as qu’une seule solution pour ça : rendre ce mariage fructueux. Peut être qu’Eleanor aura des jumeaux, c’est courant de mon côté de la famille… » Jules ne dis rien, et la laisse parler. « Vos enfants seront magnifiques, je n’en doute pas. Avec le sang royal qui coulera dans leurs veines… » Un domestique ouvre la porte, et la lumière de cette belle journée les enveloppent alors qu’ils sortent sur le jardin. Là, elle ne dit plus rien, sa mère. Jules l’a écoutée, sans répondre, et se laisse guider vers l’autel qu’il voit, au loin, parmi la petite centaine de personnes que constituent l’entièreté de la société pure magique. Arrivé à l’autel, Jules mène sa mère à sa chaise, et puis retourne au centre de l’allée, juste devant le premier ministre, pour attendre sa fiancée.
Elle paraît rapidement, au bras de son père, qui semble rayonner de fierté, plus qu’elle ne rayonne de bonheur. Jules ne la lâcha pas des yeux, un sourire de circonstance sur les lèvres. Aujourd’hui, leurs destins vont se sceller. Ici, et maintenant. Elle remonte l’allée, et le patriarche Malfoy remet la belle aux mains de son fiancé. La main d’Eleanor lui semble froide, sur la sienne. Il écoute le ministre, tente de ne regarder qu’Eleanor, pour ne pas jeter son regard vers les chaises, côté Rosier, quelque part entre sa sœur ainée et son frère cadet. La question fut finalement posée, celle à laquelle il ne devait – comme Alix l’avait dit – que dire oui. Hésiter n’était pas permis, refuser encore moins. Il plonge son regard dans celui de la blonde, pour y puiser peut-être un peu de courage. Jamais il n’a voulu l’épouser, pas même quand ils étaient petits et qu’ils étaient déjà meilleurs amis. Il n’a toujours vu qu’une brune à cette place, une brune au regard d’ambre, contre son ambre à lui. Une brune qui le déteste, qu’il n’aura jamais, alors à quoi bon ? « Oui, je le veux. » Ses doigts se resserrent un peu autour de la main d’Eleanor. Désolé, ses gestes lui disent. Désolé qu’on soit obligés de faire ça.

Mariage, oh doux mariage. L'union de ses deux grands noms des neufs sacrés ne faisait que de te rappeler le poids de cette promesse qui encercle ton annulaire droit. Et au delà de ce bout de chair, c'est ton cœur tout entier qui est pris en otage. peut-être que les choses auraient pu être différente... Si seulement tu n'avais pas été liée à un Lestrange aussi controversé. Tes orbes azurées remontent l'allée pour se plaquer sur les futurs mariés. Tu es à la quête d'une quelconque étincelle dans le regard du Rosier, un quelconque signe d'émerveillement, le genre de regard que l'on ne trouve que dans le regard de ceux qui s'aiment réellement. Ce n'est pas pour eux. Ce n'est pas pour vous. Chaque mariage est le rappel constant que vous n'êtes que des pions sur l’échiquier du pouvoir. Alors peu importe aujourd'hui qu'il s'agisse de l'union ennemie qui met en péril la situation de ta propre famille, peu importe, parce que tu as pitié de ces deux jeunes fous dont le destin à été scellé sans qu'ils n'aient eu leur mot à dire. Quelques secondes. Quelques secondes seulement avant qu'ils ne redeviennent ceux qui tu détestes. Des pensées dictées, des idées imprégnées dans ton corps et ton âme depuis si longtemps que tu as finis par y croire... Alors quand ton regard glisse malencontreusement sur un autre Rosier, ton cœur se serre d'une douleur incommensurable. Et ton menton s'abaisse pour que ton regard disparaisse sous la capeline qui couvre ta chevelure de feu. Ta cousine et ta sœur aînée se tiennent à ta droite, Maevrick à ta gauche. Maeverick. Sa présence ici et aujourd’hui ravive les souvenirs d'une trahison que tu dois à la cadette des hôtes de ce jour. Tu ne lui as jamais réellement pardonné de s'être tournée vers elle plutôt que de soutenir tes pas. Elle t'a brisée et il n'aura été qu'un vulgaire pantin. Pas le moindre sourire pour venir fendre tes lèvres. Tu n'es décidément pas douée quand il s'agit de se masquer sous les apparences. Et un soupire alors que le Rosier laisse échapper les mots fatidiques. Toutes mes condoléance, Jules Rosier, vous venez de rentrer dans la cours des grands.

Le temps court vite se cacher, perdu pendant ce mariage ironique. Une des plus grandes familles dirige la danse, vos ennemis, ceux que tu es censé vouloir voir s'évanouir dans un dernier souffle macabre. L'ironie du moment te passe au travers, tu t'en moques, tu éprouves simplement de la peine pour eux, qui vont s'enchaîner aujourd'hui aux chaînes des vielles valeurs. Alors, qu'ici, tous ceux déjà promis à quelqu'un rigolent, font semblant d'aimer leurs compagnes autant que toi, eux qui s'amuse aujourd'hui pendant qu'un autre vie le sort que vous subirez tous. C'est son dernier jour, après le mariage, plus de retour possible à une quelconque vie rien qu'à soit. Le spectre de tes pensées appuyer sur ton épaule, tu l'ignores en allant faire comme tout le monde. Souhaitant le bonjour, répétant inlassablement ta joie d'être ici, d'être accueilli dans la belle et grande demeure, tu fais mine de te montrer, allant de personne en personne discuter un peu. Toutes les discussions tournent autour des sujets mille fois abordés ou de ce magnifique mariage, l'union parfaite comme disent certain espérant pouvoir en tirer quelque chose. Tu te moques encore une fois de tout cela, tu attends encore un peu, que les gens aient jugé ta présence suffisante, pour t'éclipser pour finalement rejoindre ta famille et écouter la signature du contrat accompagnant la cérémonie. Tu restes là, assis à côté d'Aglaé semblant aussi heureuse que toi d'être là. Par chance, personne n'attend vraiment un signe de joie de la part de votre famille, elle ne risque rien, la haine entre Rosier et Greengrass n'est pas caché et tout un chacun sait que vous n'êtes là que part pur politesse, comme eux vous ont invité par simple politesse. Telle une coutume personnel, tu persévères tout de même, tu mens, droit comme un i, un léger sourire, à peine exagéré que personne ne doute de ton avis positif sur cette union alors qu'au fond tu cries à l'ennui de cette situation malsaine.

Ce jour aurait dû marquer le début d'un nouveau bonheur, mais il ne représentait rien de tout ça pour eux. Adara observait l'autel dressé pour accueillir l'union de Jules et Eleanor d'un air lointain. Le premier mariage de leur génération, les premiers à ouvrir le bal. Assise auprès des membres de sa famille, elle ne pouvait s'empêcher de penser à sa propre situation. Fiancée à un Rosier, c'était elle qui se retrouverait à la place de la mariée d'ici quelques années. Et elle ne le désirait pas. Si la jeune femme s'était déjà rendue maintes et maintes fois au manoir des Rosier, elle devait bien avouer que l'ancienne famille royale n'avait pas lésiné sur les moyens pour rendre leur propriété encore plus magnifique que d'ordinaire. C'était tout ce don Adara rêvait, plus jeune, mais ses ambitions et ses désirs avaient changé désormais et elle redoutait plus que tout cette union future. Bientôt la mélodie changea, indiquant que les mariés allaient bientôt faire leur entrée. La sorcière ne tarda pas à se lever, comme tous les invités présents. Jules fit son entrée en premier, au bras de sa mère, comme le voulait la coutume. Un sourire sincère trouva sa place sur le visage de la brune alors qu'elle observait le jeune Rosier descendre l'allée. Il avait cette prestance qu'Adara n'avait vu que chez très peu de personnes. Chaque geste, chaque expression de son corps trahissait son appartenance royale. Les têtes se tournèrent à nouveau vers le début de l'allée tandis qu'Eleanor apparaissait aux yeux de tous. Elle était magnifique, vêtue d'une robe qui ne pouvait que la mettre en valeur. Même si la jeune Avery l'avait voulu, elle n'aurait pu détourner son regard de la jeune femme qui avançait d'un pas lent au bras de son paternel. Adara ne savait pas si elle ferait une aussi belle mariée, lorsque son tour serait venu. Bientôt, les deux époux furent réunis devant l'autel, alors que l'oncle d'Adara se tenait face à eux. Elle ne pouvait s'empêcher d'admirer leur calme apparent, les sourires qui dissimulaient parfaitement leurs véritables pensées. La brune était passée maître dans cet art, mais sa propre l'union l'effrayait tellement qu'elle commençait à émettre quelques doutes sur sa capacité à rester de marbre lors de son propre mariage. Le regard de la sorcière était fixé sur les deux époux, tandis que Jules prenait la parole en premier pour sceller leur union. Quatre mots, qui allaient les unir pour toujours.

C'est les paroles de son plus jeune frère qui tire son attention ailleurs que sur les deux jeunes gens, sur lesquels tous les regards étaient rivés. Je suis sûr que tu seras très jolie en mariée. Elle tourne la tête vers Marius, croise son regard ; et c'est un franc sourire qui s'esquisse sur ses lèvres sobrement maquillées. « Évidemment, voyons. » Il savait bien que ce n'était pas une réponse sincère. On ne pouvait pas dire que Margot Rosier n'était pas prétentieuse - mais elle n'était pas imbue d'elle-même à un tel point, pas au point de répondre d'une telle manière sans y avoir réfléchi. Marius, il savait qu'elle cachait l'espèce d'angoisse, de douce peur qui la saisissait à chaque fois que son mariage faisait irruption dans son esprit.

Et puis, c'est le timbre de Jules, Son Altesse Déchue, qui succède à celui du ministre et qui prononce les mots que tous avaient attendus, et auxquels tous s'accrochent. Margot, elle, ça la fait glousser. Silencieusement, comme elle avait appris le faire pour cacher le mépris qu'elle portait aux "traditions". Oui, je le veux. Non, il ne le voulait pas. Il n'en avait aucune envie, aucun des fiancés présents dans l'assemblée n'avait envie d'épouser leur promis - certain avec plus de réticence que d'autres, évidemment. Tous prisonniers d'une coutume qu'on avait embellie, d'une cage qu'on fait dorée. Son regard migre vers Eleanor, attendant sa réponse à elle. Même si, soyons honnête, il y avait très peu de chances pour qu'il y ait la moindre surprise.