si la liberté grise,
la famille rassure

Dans un univers où l’on prône la pureté du sang – bien heureusement, tout le monde magique ne fonctionne pas forcément ainsi –, comme une sorte de supériorité, de pouvoir sur le reste du peuple, les alliances entre familles ne sont pas rares. Tout est une question de monter en hiérarchie. Et les Yaxley, bien que plus jeunes dans le jeu de la prise de contrôle, ne dérogent pas du tout à la règle. Dans une volonté de garder la pureté symbolique de leur sang, ils marient tous leurs enfants aux Flint, autre famille pure, qui a même pratiqué la consanguinité, dans le même principe. Et toi, tu regardes les mariages arrangés se faire de loin, impuissant, sans vraiment y participer, mais en étant touché quand même, bien qu’étant plus ou moins un spectateur. Tous tes frères et sœurs sont concernés, que cela leur plaise ou non, malgré leurs propres préférences personnelles, ainsi que l’amour de ta vie. Tu as passé deux années de ta vie dans ses bras, à l’enlacer et à l’embrasser, pour que, maintenant, il doive épouser une autre, malgré le fait qu’il soit entièrement homosexuel. Mais lorsqu’on est le seul homme de la branche principale, on a des obligations que l’on doit respecter. Et se mettre en couple avec un autre, homme d’autant plus que tu es un bâtard, ne rentre absolument pas dans les plans possibles. Alors, une fois de plus, tu t’es sacrifié. N’importe à quel point il te manque, n’importe à quel point tu veux le revoir, tu l’évites comme tu peux. Malheureusement, les Yaxley et les Flint étant étroitement liés, il n’est pas rare qu’ils décident de se faire des réunions de familles, et alors, en tant que domestique, tu ne peux lui échapper. Et aujourd’hui, bien sûr, est une de ces fois.

La réunion dinatoire s’est bien déroulée, enfin… cela aurait pu être pire, pour toi. Les deux familles ont parlé entre elles, comploté, manigancé toutes sortes de choses. Bien repues, bien alcoolisées, bien contentes, elles t’ont presque oublié, te laissant tranquille dans ton coin, pendant que tu les sers comme il se doit. Bien évidemment, tu t’es reçu les habituels croche-pattes d’Hesione Flint, qui pense que tu es une mauvaise graine que l’on doit couper à la racine, et ton cœur remonte dans ton estomac à chaque fois que ton regard croise celui de Niall. Oui, c’est le châtiment que tu dois recevoir pour avoir pris un peu trop de liberté à Poudlard, et pour ne pas avoir respecté la hiérarchie naturelle, que les sangs-purs, enfermés dans leur monde, ont inconsciemment imposé. Oui, aujourd’hui, tu es obligé de payer le prix fort.

La soirée est déjà bien avancée, et les Yaxley viennent de partir. Toutefois, toi, tu es resté sur place, pour continuer à aider à ranger. Les purs s’éclatent peut-être à comploter, cependant ils ne savent pas qu’il y a aussi du travail derrière, passer derrière leurs fesses. Tu te retrouves donc en cuisine, à débarrasser leurs plats, qu’ils ont plus ou moins finis, ainsi que leurs vaisselles – il y en a beaucoup trop pour ce que c’est. Enfin, tout rentré dans l’ordre, tu laisses les autres domestiques faire la plonge, ne rentrant pas dans les tâches que tu as à faire, et tu sors dans le jardin, discrètement, par la porte de derrière, t’accordant une pause bien méritée, après des heures de corvées non stop, pour t’en griller une petite. Tu respires enfin, paradoxalement à la fumée empoisonnée que tu inspires. Tu souffles bruyamment, te relaxant soudainement. C’est dur… Dur de te retrouver autour de lui, sans même pouvoir l’approcher réellement. Quand tu le sers, tu te penches et respires son odeur si particulière et unique. Et cela te fait penser à tout ce temps passé avec lui, lors des folles années. Et, Dieu, il est toujours aussi beau et droit. Tu tires encore une fois sur ta cigarette moldue – un autre héritage de ta chère mère née-moldue -, lorsque tu vois une forme, toute seule, se déplacer aussi dans le grand jardin. Tu plisses légèrement les yeux, pour t’apercevoir que cette silhouette n’est nulle autre que Catalina Flint. Tu ne prends pas peur, tu ne rentres pas illico presto dans la cuisine pour fuir cette personne, mais tu ne vas pas non plus vers elle, c’est une sang-pur, après tout. Vous vous connaissez, bien sûr, mais vous n’êtes encore jamais approchés l’un de l’autre.

Elle n'avait jamais été une grande fan de réunions dînatoires Catalina, elle ne s'y sentait que peu à l'aise, malgré l'image qu'elle projetait. Cependant, il y avait certaines de ses soirées qu'elle appréciait plus que d'autres. Entre autres, les soirées passées aux côtés des Yaxley, famille principalement composée de membres de sa famille ou encore, d'alliées fidèles. Généralement, lors de ses soirées, Catalina se contentait d'écouter, récupérant la moindre parcelle d'informations pouvant lui être utile. Elle n'était pas fan de complot, n'ayant que peu d'idées pouvant être appliquées à ce genre de mascarade. Elle était douée lorsqu'il s'agissait de cacher des choses la concernant, mais pour le reste, il s'agissait d'une tout autre histoire. D'ailleurs, alors que la majorité des convives s’enivraient, ne lésinant que très peu le vin qui était apporté régulièrement à la table, Catalina, elle, de son côté, n'y touchait que très peu. Elle avait toujours levé le nez sur ce genre de plaisir, craignant qu'une trop grande quantité de ses délices exquis ne l’amènent sur des chemins qu'elle aurait préféré éviter. Elle connaissait les effets néfastes de l’alcool et préférait éviter les bévues qu'un abus pourrait lui causer. Alors par politesse, elle se contentait, généralement, de ne boire qu'un seul verre, très lentement, afin qu'on est l'impression que ce dernier était toujours plein et qu'il avait été remplis de façon régulière. Alors que la soirée tirait à sa fin et, habitant toujours le manoir familial, Catalina se considérait comme l'une des hôtesses de la soirée, elle avait donc accompagné, aux côtés de sa mère, leurs convives à la porte. « Passez une belle fin de soirée. Au plaisir de vous revoir prochainement. » Un sourire agréable accrocher aux lèvres et des poignées de main sincères. Il n'y avait les Yaxley qui avaient droit à de tels comportements de la part de la belle ... Une part de sincérité.

Catalina avait pris l'habitude, au fil des années, de se réfugier au jardin lorsqu'elle avait besoin d'un peu de calme. D'ailleurs, généralement, ce sentiment se manifestait à la suite d'une réunion entre les 9 familles ou encore, à la suite d'une soirée mondaine à laquelle elle avait été tenue d'assister. Elle avait parfois besoin de souffler et sa chambre, ne lui convenait pas, ne lui convenait plus. Elle s'y retrouvait généralement seule puisque nombre des membres de sa famille ne semblaient pas apprécier cet endroit, ou ne voyaient pas l'intérêt de s'y retrouver. Ce soir, cependant, elle n'y était pas seule, elle remarqua, non loin d'elle une silhouette qu'elle ne reconnut pas immédiatement. Elle du s'en approcher pour remarquer qu'il s'agissait ... D'Ulysses. Du moins, c'est ce qu'elle crut. Ne connaissant que très peu le jeune homme, elle n'était même pas certaine d'avoir bien retenu son prénom. Néanmoins, il s'agissait bel et bien de ce jeune homme avec qui son frère cadet passait ses journées lors de ses années d'études. Elle fronça les sourcils, se demandant ce qu'il pouvait bien faire là. Une pause, il prenait ... Une pause ? « Tu ne devrais pas être là ... Je me trompe ? » Elle croisa les bras sur sa poitrine, dubitative quant à la présence de cet homme dans son jardin. Son ton n'était pas arrogant, il était plutôt doux d'ailleurs. « Ne devrais-tu pas être repartis avec les Yaxley ... Ou être entrain de travailler, tout simplement ? » Après tout, n'était-ce pas ce qu'il était censé être ? Un " travailleur " au service de la famille Yaxley. Certes. Au fond, il pouvait bien prendre une pause si l'envie lui prenait, il n'était pas sous ses ordres après tout. Ce qui dérangeait réellement Catalina, c'était sa présence en ces lieux qui se voulaient être son havre de paix.

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