Le couloir de l’hôpital pour sorciers est vide, mais la jeune femme conserve malgré tout le capuchon de sa cape en peau de dragon rabattue sur son front. Elle n’a pas besoin d’attirer le regard, pas besoin que l’on discute ensuite de sa présence à Sainte-Mangouste et qu’on spécule sur les raisons de sa visite. Non que ce soit un secret que les apprentis tireurs d’élite, se blessent de temps à autres, durant l’entraînement ou en étant sur le terrain. Elle fait d’ailleurs souvent passer les cicatrices et autres bleus sur son corps comme étant le résultat de sa formation, la chose étant plus facile à expliquer, plus conciliable avec son image de poupée. Néanmoins les poupées ne s’amusent normalement pas à courir à jouer les militaires, ou les professionnels de la baguettes et ne sont pas censées avoir les jointures brisées toutes les deux semaines. Sa carapace est déjà rendue imparfaite par son métier. Elle fait attention, mais probablement pas assez.

Les yeux rivés sur le carrelage blanc, elle retient une grimace. Son bras la tiraille, elle est à peu près sûre de s’être cassé quelque chose. C’est la force avec laquelle elle a envoyé valsé l’impertinent mêlé sur le mur de pierre, son coude ayant voulu échouer sur son nez a rencontré ledit mur et…autant dire qu’elle a poussé un hurlement a en réveillé les morts. C’est de sa faute, elle devrait apprendre à mieux se tenir, à arrêter de laisser ses poings gagner le combat contre son cerveau. Elle devrait laisser sa seconde peau faire le travail arrêter d’absorber les insultes et les railleries, les laisser glisser sur elle. Elle ne va pas si loin d’ordinaire, elle apprend à se contrôler, à se venger plus subtilement. Et puis parfois, elle échoue, baisse sa garde. Des bruits de pas la ramènent à la réalité, deux médicomages arrivent vers elle, pris dans une discussion. Elle garde la tête baissée et continue son chemin. Elle ne compte pas voir n’importe quel médicomage, quelqu’un qui devra rédiger un rapport sur sa venue, sa blessure, son traitement. Elle préfère la discrétion et puis surtout la rapidité car en ce mardi matin, elle a besoin de rejoindre le ministère dans les plus brefs délais et entière si possible. Elle se rend ainsi au mauvais étage, le troisième, dans le mauvais service, celui d’empoisonnement par potions et plantes, rien avoir avec le mal qui explique sa visite. Mais la guérisseuse qu’elle compte trouver a les compétence qu’elle recherche et saura bien s’occuper d’elle quoique sa blessure échappe à sa spécialité. Deux coups à la porte de son bureau, Sorcha prie pour qu’elle soit là. Il est tôt, d’où les couloirs encore peu remplis, mais certainement Catalina prend son travail au sérieux et doit déjà être arrivée. Du moins l’espère-t-elle car sinon, elle ignore comment elle va pouvoir se rendre au Département de la Justice Magique avec un bras tordu. La porte s’ouvre justement, laissant tout juste passer le visage de poupée de sa cousine, visiblement ennuyée d’être dérangée si tôt. Elle s’adoucit néanmoins en reconnaissant la Bulstrode qui abaisse justement sa capuche. Elles sont cousines, mais surtout elles ont un arrangement. « Bonjour Catalina, tu as du temps pour moi ? » Elle ne fait pas de secret de ce qui l’amène, l’angle étrange de son bras gauche est suffisamment éloquent, ainsi que la façon qu’elle a de le tenir de la main droite, comme si elle craignait qu’il ne lui tombe d’une minute à l’autre. Elle s’efforce néanmoins de sourire à la Flint, politesse qui lui semble superflue quand elle n'a qu'envie de crier de douleur.

Elle s'était levée aux aurores, incapable de conserver ses yeux clos plus longtemps. Ces derniers temps, ses nuits étaient de plus en plus agitées et elle avait de la difficulté à dormir. Cela faisait d'ailleurs 1 semaine qu'elle se présentait au travail, très tôt le matin afin de s'occuper l'esprit autrement qu'en ressassant sans cesse dans son esprit les cauchemars qui hantaient son fragile sommeil des derniers jours. Elle manquait de repos, certes, mais ce n'était pas cela qui allait l'empêcher d'accomplir son travail. Catalina était la seule de sa famille ayant choisi la voie de la médecine et personne n'avait jamais réellement compris ce choix. Elle avait choisi une voie différence surtout par souci de ne pas faire comme tous les autres et elle s'était dit que si elle parvenait à ses fins, en ayant un travail ne touchant aucunement à la politique, il s'agirait d'un exploit qui la rendrait encore plus fière que si elle avait tout simplement introduit les rangs du ministère. De plus, les nombreuses connaissances qu'elle avait acquises durant sa formation s'avéraient fort utile et il s'agissait de connaissances qu'elle seule possédait parmi les membres de sa chère famille.

Catalina s'était donc présentée à Sainte-Mangouste très tôt dans la journée, espérant n'y croiser personne n'ayant aucunement envie de faire la conversation. Elle avait pour objectif de terminer de remplir les nombreux dossiers qui ne cessaient de s'entasser sur son bureau ... Il semblait évident que cette douce poupée n'était pas fan de la paperasse ... C'était d'ailleurs l'une des raisons qui l'avait poussé à ne pas appliquer au ministère. Elle avait horreur de tous ses dossiers et préférait grandement l'action. Quelqu'un toqua à sa porte, ce qui surprit la belle puisqu'elle ne s'attendait pas à recevoir de la visite. Sceptique, elle alla ouvrir et fronça les sourcils lorsqu'elle se retrouva face à une silhouette encapuchonnée. Lorsque cette dernière retira son capuchon, le visage de Catalina s'adoucit et elle croisa les bras sur sa poitrine ... Elle aimait l'action, qu'elle disait ... Mais certainement pas autant que son intrépide cousine qu'elle avait accepté de soigner en cachette quelque fois. « Tu sais bien que j'ai toujours du temps pour toi. » Elle lui fit signe d'entrer dans son bureau avant de refermer la porte derrière elle. « Qui as-tu donc embêté cette fois pour te retrouver avec une telle blessure ? » Catalina grimaça en observant le bras de la Bulstrode, ce dernier était drôlement tordu et semblait faire souffrir sa cousine, même si cette dernière tentait de le cacher. Elle connaissait bien les penchant de sa cousine et puisqu'il lui arrivait, plutôt régulièrement, de devoir la soigner discrètement elle avait quelques fioles dans son bureau pouvant lui être utile ... Car bien évidemment, son bureau n'était pas une salle d’auscultation et n'était donc pas aménager pour soigner les patients. « Aller bois ça ... Ça va atténuer la douleur. » Elle lui tendit une toute petite fiole ayant une drôle d'odeur, mais qui s'avérait généralement efficace dans ce genre de cas et elle se planta ensuite face à sa cousine pour examiner son bras. Ce dernier, était vraiment dans un salle état et comme ce n'était pas le genre de blessure qu'elle soignait habituellement, Catalina restait perplexe. Elle connaissait certes un sortilège pouvant réparer les os brisés de la brunette, mais elle ne l'avait jamais réellement utilisé et si elle voulait que ce dernier fonctionne, elle devait se concentrer. « Tu sais bien que les os cassés ce n'est pas ma spécialité, n'est-ce pas ? » Sa cousine le savait aussi bien qu'elle, mais Catalina supposait que cela lui importait peu puisqu'elle était venue à elle.