Voilà, Sybille est perdue. Elle frissonne. Ce manoir est bien plus petit que celui des Flint, mais elle n'a pas l'habitude, les dédales sont imcompréhensibles. Tout est glacé ici, les dalles, les murs, même la couche nuptiale est froide et sans vie. Elle avait rêvé de se retrouver dans la magnifique demeure des Malfoy dans le Kent, mariée au plus beau prince des sorciers. Un blond pur, autant que son sang. Mais elle s'était retrouvé enchainée, vendue à un sorcier d'une maison mineure, le deuxième fils d'une famille ruinée. Elle revit avec horreur son mariage, là en pleine nuit. Poursuivie par les cauchemars même éveillée, en robe de chambre dans des couloirs venteux. Elle se rappelle de son coeur qui bat la chamade, de sa tête qui peine à rester froide, mais le menton haut. Pour l'honneur. De son sourire gravé sur son visage qu'elle n'arrivera pas à faire disparaitre de la soirée, même après avoir pleuré de tout son soûl dans la salle de bain. Trop bien accroché, comme un masque pour oublier son déshonneur. Siarl Avery, un minable. Elle erre dans les couloirs en pensant à ses soeurs et cousins qui doivent encore subir ce qu'elle vient tout juste de subir, être arraché à sa terre natale, ses repères, pour être jeté dans une fosse de lions inconnus.


Elle se met à paniquer. Tout tourne autour d'elle lorsqu'elle voit les six gamins devant eux. Comment ce cauchemar a-t-il pu arriver sous le toit des Avery ? Les serviteurs connaissent pourtant bien leur place. Jamais ils n'auraient osé toucher l'un des sang-pur. La nausée la prends lorsqu'elle imagine la scène, Adara acculée. Elle regarde sa fille, jolie poupée qui pleure à chaudes larmes. Son coeur se fend en millions de pièces, voir la chair de sa chair dans cet état la rend malade. Elle a envie de frapper, de se réduire à la violence moldue. Oublier sa baguette pour un temps et utiliser ses poings. Et soudain, elle a honte, comment une sorcière de son rang peut avoir des pensées aussi primitives ? Sybille a prévenu George, le seul dans la bataille qui pourrait l'épauler. Son propre mari n'est qu'une vulgaire goule sans fierté et sa belle-soeur est bien trop fragile. Fragile, un mot encore pour galvauder la vérité, pour faire avaler la pilule. Elle est folle la sorcière qui est mariée au premier fils. Parfois elle se dit qu'elle aurait du marier George, ils auraient régné, mais le destin a voulu autre chose. Oubliettes. Elle protège sa fille, d'un coup de baguette celle-ci oublie les tourments et la mort. Mais les autres, Sybille les punit. Elle ne veut pas de mensonge dans cette maison, pas alors qu'ils doivent veiller les uns sur les autres. Les deux adultes ont décidé : un serment inviolable pour leur faire prendre conscience de leurs actes. Ils sont tous là, alors qu'Adara est partie se coucher. George et Sybille murmure l'incantation et de longs filaments entourent les poignets des cinq enfants. Promettez que vous n'en parlerez à personne. Ils récitent ensemble leur promesse et Sybille respire mieux. Les filaments laissent de légères cicatrices qui s'effaceront avec le temps, tant mieux. Ils s'en rappelleront un moment mais personne ne pourra dire qu'ils ont fait un serment inviolable. Sybille regarde attentivement ses enfants, Carwyn et Braen. Elle ne sait plus trop qui a perpétré le meurtre, mais ils sont tous coupables, complices. George les renvoie dans leur chambre pour réfléchir à leur "bétise". Et lorsqu'ils sont enfin seuls dans la pièce, il demande. Et Siarl ? Elle secoue la tête, Sybille y a bien réfléchit et elle est maintenant sure de ce qu'elle veut faire à propos de son mari. C'est à dire rien. Elle soupire en s'asseyant sur un des sièges en velours du salon. Il ne pourra pas comprendre. Ta femme non plus. George détourne les yeux, il n'aime pas parler d'elle, mais Sybille veut être sûre de ses intentions.


Le pseudo poète, le pseudo inventeur regarde par la fenetre, un carreau balayé par les vents et la pluie malgré le mois de mai avancé. Elle le trouve définitivement pathétique, il reste à se lamenter sur son sort. Il y a des années que Sybille ne sympathise plus avec son mari. Elle le hait presque, elle se reconnait bien trop en lui. Ses déceptions, elle ne les connait que trop bien. Elle a les même. Siarl est tout ce qu'elle aurait pu être si elle avait baissé les bras. Et voir jour après jour son mari tomber dans la dépression, lui laisse un goût amer dans la bouche. Sybille a l'impression qu'il l'entraine avec lui. Le regarder est comme subir un maléfice de jambencoton en permanence. La sorcière ne sait même pas si l'homme en face d'elle a remarqué sa présence. Elle le hait, son apathie envers lui est devenue une rage sourde qui grandit en grognant. Une envie folle la prends et elle n'arrive plus à se réfréner, Sybille prends la baguette dans la poche de sa robe de sorcière la pointe sur son mari tout en murmurant. Levicorpus. Le sortilège ne fait aucun effet, Sybille soupire, elle aurait aimé le voir les pieds au dessus de la tête. Elle voit Siarl se relever doucement et lui faire face énervé. Elle comprends enfin, son mari a toujours été un extrêmement bon duelliste. Et incroyable dans les sortilèges informulés. Elle est impressionnée, et pour une fois dans le bon sens, qu'il n'ait pas perdu la main. Alors très chère, on veut ensorceler son pauvre mari ? Elle ne réponds rien et fait la moue. Évidemment qu'elle aimerait l'ensorceler en quelque chose de mieux, de plus présent et ambitieux. Avant qu'elle ait pu répondre, Siarl a déjà lancé un sortilège qu'elle ne peut parer. Incendio. La jolie robe prends feu, Sybille bouillonne. Il veut jouer ? Elle va jouer. Pas la peine de lancer un Aguamenti, la sorcière se débarrasse de sa robe en tout en lançant un sort. Après tout, cette robe est encombrante. En sous-vêtement devant un homme qui ne la pas touché depuis près d'une vingtaine d'années, elle jubile et lance un sort.  Incarcerem. Siarl est meilleur et cela se voit rapidement, il évite pratiquement totalement le sortilège, seule une de ses jambes est prise par des cordes. Et son visage semble transformé, Sybille n'en revient pas. Elle voit enfin une lueur d'intérêt voir même de combativité chez son mari. La sorcière se met à le regarder avec intérêt, tout en bougeant avec grâce pour éviter un quelconque ensorcellement qu'il pourrait lancer. La robe brûle toujours sur le tapis entre eux.  Stupefix. Sybille lance son bras tendu vers son mari, la baguette pointée sur sa cible pour se protéger. Protego. Trop tard, Sybille est maintenant une statue. Une statue en sous-vêtement. Siarl avance l'air conquérant vers sa femme, il traine sa jambe encore encordée. Il a un sourire triomphant qui détend ses traits marqués par la tristesse et l'ennui. On devrait faire ça plus souvent. Ça me délasse. Sybille rage, elle déteste perdre et s'engager dans un combat où elle ne peut gagner la rend violente. Doublement perdante, elle est presque nue et il se pavane. Elle sait ce qu'elle doit faire, essayer un sortilège informulé. Elle répète Enervatum dans sa tête jusqu'à ce qu'elle sente ses membres prendre vie. La sorcière reste immobile jusqu'à ce que Siarl soit près d'elle. Cracbadaboum. La robe de Siarl a les coutures qui lâchent et il se retrouve également en sous-vêtements. Ils se regardent en chien en faïence, la robe a finit de brûler. A quelques centimètres l'un de l'autre. Sectumsempra/Sectumsempra. Le sortilège est prononcé au même moment par les deux Avery. Leur deux corps se couvrent de larges entailles où jaillissent du sang rouge. L'odeur de fer et la douleur rendent Sybille légèrement confuse. Elle a terriblement mal. Elle souffre mais elle devient intéressée par cet homme. Il a finalement bien changé depuis les années où elle ne fait que l'éviter. Il en deviendrait même attirant ? Toujours à quelques centimètres l'un de l'autre, sans savoir qui fait le premier pas. Ils s’enlacent avec violence. S'embrassent comme s'ils ne se connaissaient pas. Ils se font mal et se font du bien. Les derniers vêtements rejoignent la robe brûlée et les débris effilochés. Encore un secret de plus à garder dans le manoir des Avery.